De Marseillan à Sète par l’étang de Thau

Entre Marseillan et Sète s’étire l’étang de Thau, plus grande lagune du littoral languedocien, avec ses 7 500 hectares, ses 20 kilomètres de long pour 8 de large ; c’est aussi la plus profonde avec une moyenne de 5 mètres. L’étang est relié à la mer par les canaux de Sète, mais aussi par un petit chenal de 2 kilomètres qui mène à Marseillan-Plage.

Commençons la balade par la pointe des Onglous, débouché du canal du Midi dans l’étang.

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Les Onglous, débouché du Canal du Midi et la base des Glénans

Le lieu est exceptionnel. Très peu construit, il incarne l’un de ces bouts du monde dont je suis si friand.

Ici, le canal nous raconte trois siècles d’histoire des échanges commerciaux du Midi de la France. Après avoir parcouru les 240 kilomètres de trajet depuis Toulouse, tirées par des chevaux sur le chemin de halage, les embarcations du canal traversaient l’étang de Thau, halées par des barques avançant à la voile ou à la force des rameurs. Au milieu du XIXe siècle, la Compagnie du Canal du Midi utilisa des bateaux à vapeur pour remorquer les péniches à travers l’étang. Aujourd’hui, les pénichettes pour touristes ont pris le relais et assurent l’essentiel du trafic.

Les Onglous, c’est aussi une grande et belle bâtisse du XVIIe siècle qui abrite le centre des Glénans. La fameuse école de voile, née en Bretagne juste après la Seconde Guerre mondiale, s’est implantée ici en 1970. Le long du quai de basalte noir s’alignent des bateaux de marques Dufour, Pogo et autres Salona. On croise parfois des stagiaires arrivant avec des cartons plein de nourriture ; ils se signalent alors d’un coup de cloche. Un jeune homme sort de la bâtisse sur l’autre rive, monte dans une petite embarcation et vient chercher l’équipage à coup de godille. Tout ici respire le calme et la tranquillité.

Un petit kilomètre le long de l’étang et Marseillan se présente déjà. Le centre du vieux village est bâti en retrait de l’étang, comme si l’on se méfiait de cette masse d’eau tout aussi nourricière que menaçante. Site occupé par les Ibères, les Ligures puis les Volques Arécomiques, il est mentionné « cité seigneuriale » dès le IXe siècle. Le port viendra plus

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Marseillan

tard, vers les années 1600. Un corps de garde-côtes est créé en 1721. Tout doucement, et grâce au débouché voisin du canal du Midi, le centre de gravité du village se déplace vers le port. On ne se lasse pas de se promener le long du bassin bordé de bâtisses aux belles façades ornées de balcons en fer forgé. Amarrés aux quais, les bateaux se balancent tranquillement.

Mèze est tout près, avec son promontoire qui offre une vue panoramique sur l’étang et son vieux port bordé de façades centenaires qui rappellent la richesse et le passé commercial de la ville. Mèze, la belle escale, dont l’abri naturel fut utilisé par les Phéniciens, puis par les Phocéens qui fréquentaient alors Agde. La période romaine connaît une intense activité maritime. Le village se développe sur la hauteur qui surplombe aujourd’hui le petit bassin des Nacelles. C’est là que se dressait le phare. Plus tard, un autre port est construit ; au Moyen Âge, la ville s’entoure de remparts. L’activité commerciale maritime profite du développement de Sète et de la proximité du canal du Midi. Les distilleries implantées à la fin du XVIIIe siècle génèrent aussi une industrie de tonnellerie. Au XIXe siècle, de nombreux bateaux traversent l’étang pour transporter les tonneaux à Sète. La Seconde Guerre mondiale donnera un brutal coup d’arrêt au commerce maritime, qui ne s’en relèvera pas. Il reste la pêche et la conchyliculture. Et la plaisance qui a trouvé là les meilleures conditions pour son épanouissement : du vent, mais rarement trop violent, un plan d’eau fermé et abrité et la possibilité de rejoindre la haute mer par Sète.

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Mèze : comme un air de Vieux Port…

Dirigeons nous vers le vieux Mèze, le quartier haut qui surplombe l’étang. Les ruelles sont si étroites que l’on se demande si une voiture y passerait. C’est ici que fut bâtie la cité d’origine. Il reste encore des vestiges du rempart qui longtemps enferma la ville. Rue Vieille du Rempart, rue du Vieux Château, la mémoire des lieux est éloquente. Depuis l’ancien rempart, on domine l’étang sur lequel les tables des conchyliculteurs s’alignent sagement dans une géométrie parfaite.

Juste au pied du village se niche le port des Nacelles, du nom de ces barques traditionnelles de l’étang. C’est le port des pêcheurs de Mèze, ceux qui pratiquent le petit métier

 

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Mèez : le port des Nacelles et le monument évoquant les pêcheurs disparus dans l’étang

La conchyliculture sur le bassin de Thau

C’est au tout début du XXe siècle que commence l’aventure conchylicole, c’est-à-dire l’élevage des coquillages (l’ostréiculture étant l’élevage des huîtres et la mytiliculture celui des moules). L’élevage à plat pratiqué en Atlantique ne pouvant être appliqué ici à cause de l’absence de marée, on inventa l’élevage en suspension.

La table est la structure de base. Plantée dans le fond de l’étang, elle supporte les traverses sur lesquelles on viendra fixer les cordes d’élevage.

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Conchyliculteur

L’huître pond en été (quand elle est laiteuse) ; des millions de larves produites, quelques-unes survivront, se fixant sur des supports et formant un naissain. Depuis les années 1950, au cours desquelles une épizootie meurtrière dévasta l’étang, les naissains sont importés du Japon. Ils donneront naissance à une huître creuse, alors que l’huître originale du bassin est plate. Au bout de dix-huit mois, le naissain est « détroqué » ; on détache les huîtres du support, on les lave, on les trie et on les colle avec du ciment sur les cordes d’élevage. Elles passeront huit à dix mois dans l’eau avant d’être recueillies. Environ 13 000 tonnes d’huitres sont produites sur le bassin de Thau, ce qui représente 10 % de la production nationale.

 

Voilà enfin Bouzigues. Longtemps, ce fut un village accroché au bord de l’étang et dont les habitants vivaient un peu de la terre, un peu de la pêche et beaucoup de pas grand-chose. Jusqu’au début du XXe siècle, quand commence l’activité conchylicole. Le long de l’étang se succèdent les restaurants où l’on déguste… l’huître (tiens donc).

Juste en face du port se situe le musée de l’étang de Thau. Bien conçu, on y apprend tout sur l’étang, l’histoire de la conchyliculture, les techniques de pêche et les nacelles, ces barques traditionnelles du bassin dont les dimensions sont données en pans (un pan est égal à 25 centimètres environ). Devant le musée sont amarrées quelques embarcations traditionnelles aux couleurs vives. L’une d’entre elles est la Gracchus Baboeuf, nacelle de 21 pans, construite en 1954 au chantier de Joseph Buonomo à Mèze. Désormais propriété de l’association Voile latine de Sète et de l’étang de Thau, elle est depuis 2009 classée monument historique.

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Bouzigues

Nous achevons notre circuit à Balaruc-le-Vieux, qui domine la partie extrême de l’étang de Thau. Construit sur un promontoire pour mieux se protéger, le village en circulade offre des vues intéressantes sur cette partie du plan d’eau. Un peu plus loin, Balaruc-les-Bains se présente comme la deuxième ville thermale de France. Déjà connus dans l’Antiquité, les termes sont remis au goût du jour au XVIe siècle par Rabelais qui les cite dans Pantagruel. Ils représentent aujourd’hui l’activité principale de la cité.

Et juste en face, Sète, qui nous tend les bras…

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Sète derrière les tables de l’étang de Thau
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2 réflexions sur “De Marseillan à Sète par l’étang de Thau

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