BREACH : quand des passionnés de la mer poursuivent les dauphins…pour mieux les protéger

« Et on a vu des dauphins !! »

Tous ceux qui en navigation ont eu la chance de faire un jour cette rencontre vous le confirmeront : cela reste un moment inoubliable et générateur d’émotions difficiles à partager, que ce soit par les mots ou par l’image. Un peu comme si une part de notre enfance remontait avec eux à la surface.IMG_0697

Mais qu’est ce qui nous touche autant ? Leur aisance dans l’eau et la grâce avec laquelle ils se déplacent ? Leur bonne bouille qui semble nous adresser un sourire gentiment moqueur en permanence ? Leur vitesse, ou encore leur intelligence que l’on dit hors du commun ? Ou quelque chose d’encore plus profond ? Cette fascination en tous cas ne date pas d’hier.

Les mythes grecs nous apportent un début d’explication : Apollon s’incarne sous la forme d’un dauphin avant d’aborder les rivages de Delphes. Les Crétois pensaient que les dauphins transportaient les morts sur leurs dos vers les îles des Bienheureux. La magnifique fresque des dauphins de Knossos leur rend un bel hommage. Et d’une manière générale, ils sont considérés dans la mythologie grecque comme les maîtres de la navigation et souvent représentés avec un trident.

Fresque dauphins Knossos bis 001 - CopieCela explique peut-être la passion qui anime les membres de l’association BREACH qui depuis 2003 a pour objectifs l’étude, la protection et la connaissance des cétacés. Très structurée, l’association a organisé pendant des années des campagnes d’observation de Leucate à El Port de la Selva. Embarqués sur des voiliers, les éco-volontaires suivent un protocole rigoureux et recensent ainsi les mammifères marins, mais également tout ce qui est visible à la surface de l’eau : déchets, pollution, navires, côte… Des écoutes hydrophoniques sont aussi pratiquées. Cathie et Sonia qui m’ont présenté l’association sont responsables de l’antenne « golfe du Lion ». Leur oreille est suffisamment affinée pour reconnaître un dauphin d’une baleine. Une fois mis en forme, les résultats des observations sont diffusés à différents organismes pour exploitation.DSC04456

Les espèces les plus couramment observées sur notre côte sont le grand dauphin (tursiops truncatus) et le dauphin bleu et blanc (stenella coerulesalba), plus petit. Le rorqual commun (balaenaptera physalus), baleine de 25 mètres de long, peut aussi être aperçu de temps en temps. Ces observations ont pu être réalisées grâce à du matériel de qualité (jumelles réticulaires, par exemple, qui donnent le cap de l’observation et la distance) qu’une subvention de la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) a permis d’acheter. Sonia et Cathie sont aussi à l’origine de l’Observatoire des Mammifères Marins du golfe du Lion. Elles sont régulièrement contactées, notamment lors des échouages de cétacés sur nos plages.

Ces trois dernières années, c’est un autre projet qui a mobilisé toutes les forces des bénévoles. De 2013 au printemps 2015, l’association a participé au GDEGeM (Grand Dauphin : Étude et Gestion en Méditerranée), projet coopératif visant à recenser les grands dauphins sur toute la Méditerranée française (et une partie du littoral italien), pour mieux connaitre leur population et leurs déplacements, ceci afin d’améliorer les moyens de conservation de cette espèce en Méditerranée nord-occidentale. Pour cela, il fallait identifier le plus grand nombre possible de spécimens en photographiant les deux faces de leur aileron dorsal, cet appendice étant aussi caractéristique de chaque individu que les empreintes digitales le sont pour l’homme. Plus de 400 dauphins ont été ainsi photo-identifiés par les membres de BREACH. Une base de données commune a ensuite été IMG_0605constituée à partir des photos faites par les différents acteurs de ce programme (BREACH s’occupait de la zone courant de Narbonne-Sud à Cerbère). Grâce à ce travail (plus de 1000 dauphins recensés par l’ensemble des acteurs), il est désormais possible de suivre les mouvements de population sur tout le littoral français. Chaque fois qu’un aileron sera photographié, la photo sera comparée à celles de la base de données pour savoir si ce spécimen est déjà enregistré, et si oui d’où il vient.

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Embarqués sur les voiliers ou les semi-rigides que les bénévoles mettent à leur disposition, les membres de BREACH conjuguent ainsi leur amour de la mer et des mammifères marins.

 

 

 

 

Le 21ème siècle sera écolo ou ne sera pas. Écologique au sens le plus noble du terme, c’est-à-dire étudier la nature pour mieux la connaitre et la protéger. Et s’il est une cause qui mérite de se mobiliser, c’est bien celle-là.

Toutes les informations sur l’association sont disponibles sur le site www.breach.fr ; vous pouvez aussi contacter directement Sonia à l’adresse suivante sogara81@aol.com.

 

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Toutes les photos sont de l’association BREACH, sauf celle de la fresque des dauphins.


3 réflexions sur “BREACH : quand des passionnés de la mer poursuivent les dauphins…pour mieux les protéger

  1. Thank you for this month’s issue about Dolphin protection. They are wonderful animals and require all the protection we can give them.
    I have never seen a dolphin in France but I hope the day will come when they can be spotted from the beach

    Peter Culliford

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  2. Une curiosité à propos des dauphins : Le livre Un animal doué de raison, paru en 1967, de l’écrivain Robert Merle. Robert Merle, 1908 – 2004, résida longtemps dans l’Aude à Albières ; il est connu pour Week-end à Zuydcote (Prix Goncourt), sa série Fortune de France, son bouquin Malevil, tous ayant fait l’objet d’un film ou de téléfilms. Dans Un animal doué de raison il raconte la vie de deux dauphins, Fa et Bi, qui ont été dressés par les services secrets américains pour des missions spéciales. Entre réalité ( toujours d’actualité parait-il), et la science-fiction. Absolument palpitant !
    Hi Peter, I wish you un nappy nouillère.
    Denis

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