Le Lez est un petit fleuve côtier de 29 kilomètres de long ; prenant sa source (résurgence sur un petit plateau calcaire propice à l’infiltration) à St- Clément-de-rivière, il traverse la partie orientale de Montpellier, longe la ville de Lattes avant de se frayer un chemin à travers les étangs et rejoindre la Méditerranée à Palavas.
Il fut un instrument indispensable à la richesse de la ville de Montpellier au moyen-âge car il lui donnait accès à la mer via le port de Lattes.
Lattes, commune de 18 000 habitants, aujourd’hui cernée par l’agglomération montpelliéraine au nord-ouest et l’étang du Méjean au sud-est ; urbanisation d’un côté, réserve naturelle de l’autre. Zone intermédiaire entre la ville industrieuse et commerciale et la mer et les étangs. C’est cette position qui fit sa fortune au Moyen-âge quand son port fut l’un des plus importants de la Méditerranée occidentale. Mais l’histoire portuaire de Lattes commence bien plus tôt que cela.
Il y a 10 000 ans, de petites agglomérations voient le jour au nord de l’étang de Mauguio. Près de la ville actuelle de Lattes, c’est sur le site de la Cougourlude qu’un village important est édifié. Au VIème siècle avant J.-C., il couvre une superficie de 30 ha et est entouré d’une enceinte. Quelque deux cents ans plus tard, la ville est progressivement abandonnée au profit d’une nouvelle bourgade implantée sur une presqu’île s’avançant dans l’étang. Lattes était née. Sa position est exceptionnelle : au bord d’un immense plan d’eau constitué des étangs de Mauguio, Pérols, Méjean, Arnel qui constituaient alors une seule et même lagune protégée des tempêtes de la mer par le cordon littoral.
Le bourg, situé sur la rive nord de cette lagune dans laquelle on pénétrait par des graus, jouissait aussi de la proximité du fleuve qui permettait de remonter les marchandises vers l’intérieur.
Le développement de Lattara (Lattes) est alors stimulé par des commerçants étrusques ayant compris l’intérêt stratégique du site. Dès lors, la ville va se développer. Une enceinte puissante l’entoure, des quais sont bâtis, des entrepôts et bien sûr des habitations vont surgir où l’influence des nouveaux arrivants de la mer Tyrrhénienne est manifeste. Du Vème au IIème siècle, Lattara est alors avec Massalia (Marseille) le grand port de notre côte avec ses remparts, son phare, ses quais où Etrusques, Romains, Grecs de Massalia et Ibères croisent les populations locales.
Le commerce y est important et irrigue tout l’arrière pays.
Suite à la conquête romaine et la création de Narbonne en 118 av. J.-C., le port perd peu à peu de son importance au détriment de la capitale de la Narbonnaise.
Après quelques siècles de faible activité, Lattes et son port reprennent toute leur activité et contribuent à la fortune de Montpellier. Du XIIème au XVème siècle, l’activité est à son apogée. Puis, progressivement, la ville va pâtir de la concurrence de Marseille, de la création de Sète, tandis que les sédiments apportés par le Lez contribuent à combler la lagune, rendant le port de plus en plus difficilement accessible. Abandonné, ce dernier finit par disparaitre complètement et tombe dans l’oubli.
Redécouvert il y a une quarantaine d’années, une partie du site est désormais visible depuis le musée construit juste à côté. Ce dernier, formidablement bien fait, retrace l’histoire de la ville et de son port. On y découvrira quantité de tessons, des pointes de flèches, des outils, du mobilier, etc… Une habitation de l’époque est même reconstituée. Depuis une fenêtre, on surplombe les vestiges de la ville étrusque.
C’est en 1995, avec l’inauguration de Port Ariane sur les rives du Lez, que la ville pouvait enfin renouer avec son passé portuaire. Les bateaux de plaisance peuvent désormais rejoindre la mer en suivant le Lez désormais canalisé, rejouant ainsi les trajets des navires de l’époque antique.
Avec le temps, les sédiments apportés par le Lez et les autres ruisseaux ont fait reculer la lagune de plus d’un kilomètre, et l’ont scindé en différents étangs. Le Méjean, situé juste en face de Lattes est séparé de l’Arnel par le Lez endigué. C’est désormais une réserve naturelle protégée où les flamants viennent volontiers se poser.
Il faut suivre ces chemins et ne pas hésiter à se perdre en longeant la lagune ; prendre le temps de se poser, de regarder les oiseaux évoluer en pensant aux navires de haute mer qui, si longtemps ont parcouru les eaux de l’étang.
Et longer ces lagunes, parcourir ces canaux. Mais ça, c’est une autre histoire, nous y reviendrons bientôt.